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LES VŒUX DE 27...
Tiré du n° 03 - 2007

Que l’amour humble du Saint-Père enrichisse l’Église et l’humanité



par le cardinal Zenon Grocholewski



J’ai accueilli avec un plaisir particulier l’invitation à m’unir à la revue 30Jours pour exprimer mes vœux les plus chaleureux et les plus filiaux au Saint-Père Benoît XVI dans son quatre-vingtième anniversaire.
Je pense que cet anniversaire est une bonne occasion pour exprimer ma gratitude au Seigneur pour le don qu’il a fait à l’Église de ce Pape et pour manifester à la personne du Saint-Père que toute l’Église se trouve cum Petro ainsi que sub Petro, conditions nécessaires à la construction du Règne de Dieu qui s’étend dans le monde.
Lorsque Benoît XVI a adressé son premier salut à l’Église et au monde, le jour de son élection, il s’est présenté comme «un simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur». Puis, dans l’homélie de la messe d’intronisation, il a parlé de lui comme d’un «fragile serviteur de Dieu». Ces images nous ouvrent la porte de son esprit et nous font entrevoir son attitude intérieure face à Dieu et à l’Église. Elles nous communiquent d’une part le sentiment qu’il a d’être petit devant Dieu et la mission qui lui a été confiée. C’est une attitude de grande portée. Nous savons bien en effet que plus on se vide de soi-même plus on devient capable d’être rempli par Dieu, d’être un instrument efficace dans les mains de Dieu. Ces images indiquent, d’autre part, un fort sens du dévouement, un dévouement difficile parfois et caché, ainsi qu’une disponibilité totale. C’est d’ailleurs l’attitude qui a toujours été la sienne dans son long travail de chercheur, d’enseignant, de théologien, de pasteur et de préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, travail qu’il a accompli avec une grande diligence et compétence et dans un pur esprit de dévouement à l’Église. Comme membre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, j’ai eu l’honneur et le plaisir de collaborer avec le cardinal Ratzinger pendant quelques mois et de voir ses qualités à l’œuvre. Être un travailleur et un serviteur a toujours été pour lui sa façon de servir avec simplicité et passion la vérité qu’il faut offrir à l’homme pour le soustraire à l’idolâtrie du relativisme.
Il y a deux ans, l’actuel Souverain Pontife a été appelé par le Seigneur au pontificat suprême. En assumant cette «charge inouïe», comme il l’a lui-même définie dans l’homélie de son début de pontificat, il a configuré son ministère à travers les images du pasteur et du pêcheur, qui signifient essentiellement pour lui se mettre au service de l’amour de Dieu pour l’humanité et de l’amour pour Dieu et pour son prochain. L’amour est ainsi le fil d’or qui parcourt les différentes expressions du ministère de Benoît XVI, désormais “pasteur et pêcheur” dans la vigne du Seigneur. « Être le pasteur veut dire aimer, et […] aimer signifie: donner aux brebis le vrai bien, la nourriture de la vérité de Dieu, de la parole de Dieu, la nourriture de sa présence, qu’il nous donne dans le Saint-Sacrement […]. Dans la mission de pêcheur d’hommes, à la suite du Christ, il faut tirer les hommes hors de l’océan salé de toutes les aliénations vers la terre de la vie, vers la lumière de Dieu. […] Nous existons pour montrer Dieu aux hommes […]. Ce n’est que lorsque nous rencontrons dans le Christ le Dieu vivant que nous connaissons ce qu’est la vie. […] La tâche du pasteur, du pêcheur d’hommes, peut souvent apparaître pénible. Mais elle est belle et grande, parce qu’en définitive elle est un service rendu à la joie, à la joie de Dieu qui veut faire son entrée dans le monde».
L’amour pour la vérité de Dieu qu’il faut donner à l’homme d’aujourd’hui n’est pas conçu par Benoît XVI comme une tâche que le successeur de Pierre doit accomplir dans la solitude mais comme une tâche de toute l’Église. C’est pour cela qu’il a choisi pour sujet de sa première lettre encyclique l’amour chrétien à partir du cœur vivant de la foi chrétienne: Deus caritas est. Le désir du Pape avec cette encyclique a été de continuer à «parler de l’amour dont Dieu nous comble et que nous devons communiquer aux autres» (n. 1). De l’amour de Dieu que l’homme peut expérimenter en tournant son regard «vers le côté ouvert du Christ» (n. 12) jaillit, comme une eau qui guérit, l’amour du prochain qui «est avant tout une tâche pour chaque fidèle, mais aussi une tâche pour la communauté ecclésiale entière» (n. 20). C’est pourquoi, souligne le Pape, «toute l’activité de l’Église est l’expression d’un amour qui cherche le bien intégral de l’homme: elle cherche son évangélisation par la Parole et par les Sacrements, entreprise bien souvent héroïque dans ses réalisations historiques; et elle cherche sa promotion dans les différents domaines de la vie et de l’activité humaines. L’amour est donc le service que l’Église réalise pour aller constamment au-devant des souffrances et des besoins, même matériels, des hommes» (n. 19).
Benoît XVI avec les enfants de la première communion, sur la place Saint-Pierre, le 15 octobre 2005

Benoît XVI avec les enfants de la première communion, sur la place Saint-Pierre, le 15 octobre 2005

Poursuivant et approfondissant ce thème de l’amour, est arrivée ces jours-ci l’exhortation apostoliques post-synodale, consacrée au sacrement de l’Eucharistie. Avec elle Benoît XVI continue son ministère de “pasteur et pêcheur” au service de l’amour de Dieu pour l’humanité, portant l’Église à la fontaine qui abreuve le plus son amour, à savoir la source qui assouvit la faim et la soif d’amour qui sont dans le cœur de toute personne humaine, en enflammant ce cœur pour Dieu et dans le services de nos frères. Le mystère eucharistique est Sacramentum caritatis, parce qu’en lui «Jésus nous montre en particulier la vérité de l’amour, qui est l’essence même de Dieu» (n. 2). En profond connaisseur de l’homme et de ses véritables besoins, le Pape écrit que, dans l’Eucharistie, «le Seigneur se fait nourriture pour l’homme affamé de vérité et de liberté. Puisque seule la vérité peut nous rendre vraiment libres (cf. Jn 8, 36), le Christ s’est fait pour nous nourriture de la Vérité» (n. 2). À son tour, cette nourriture de la Vérité «fait de nous des témoins de la compassion de Dieu pour chacun de nos frères et sœurs» (n. 88) et «nous donne des forces et un courage renouvelés pour travailler sans répit à l’édification de la civilisation de l’amour» (n. 90).
Je pense que la voie de l’amour – de Dieu, pour Dieu et pour le prochain – sur laquelle Benoît XVI, comme “pasteur et pêcheur” est en train de conduire l’Église, est le don le plus beau qu’il puisse faire au monde entier, lequel a du mal à avoir un cœur. C’est pourquoi, plein de gratitude, je suis heureux de présenter au Saint-Père avant tout le vœu que son ministère pétrinien, exercé avec humilité et amour, et au service de l’amour, puisse enrichir le monde d’aujourd’hui des valeurs dont dépendent la vie dans la Vérité et le vrai progrès de l’humanité.


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