CELAM. Réflexions sur le continent de l’espoir
L’évangélisation n’est pas une stratégie
L’archevêque de Tegucigalpa explique en quoi consiste la nouvelle évangélisation: «Elle naît seulement de l’irradiation de personne à personne, de famille à famille, de communauté à communauté, d’un témoignage de vie nouvelle et de l’annonce pleine d’espérance de ceux qui ont rencontré le Seigneur Jésus»
par le cardinal Oscar Andrés Rodríguez Maradiaga

Oscar Andrés Rodríguez Maradiaga parle devant les fidèles de Santa Rosa de Copán, au Honduras
L’une des priorités du Celam dans l’ensemble des buts qu’il se propose et l’un de ses plus vifs soucis a toujours été la formation spirituelle des séminaristes et des novices appelés à être des témoins et des serviteurs de la foi dans nos villes, à côté de leur formation humaine, culturelle, biblique et pastorale. Le Département du Celam qui s’occupe des vocations et des prêtres (Devym) a organisé en plusieurs occasions des réunions de directeurs de séminaires et de noviciats et de leurs responsables respectifs de la direction spirituelle comme service à l’Église de Dieu en Amérique latine.
Une nouvelle évangélisation
Quand on affronte l’immense défi de la “nouvelle évangélisation” – dont le Saint-Père a souligné la nécessité première en Amérique latine («nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes et dans son expression») et à laquelle il ne cesse de convoquer toute l’Église –, l’une des questions fondamentales qui se pose est celle de fonder, d’animer et d’alimenter cette évangélisation à partir de la sainteté qui est «la source secrète et la mesure infaillible de son activité apostolique et de son engagement missionnaire» (cf. Christifideles laici 17). La “nouvelle évangélisation” dont l’Amérique latine a tant besoin en cette aube du troisième millénaire ne se réduit certainement pas à des projets et à des stratégies humaines. Elle naît seulement de l’irradiation de personne à personne, de famille à famille, de communauté à communauté, d’un témoignage de vie nouvelle et de l’annonce pleine d’espérance de ceux qui ont rencontré le Seigneur Jésus, qui vivent sa présence dans la communion de ses disciples et la communiquent dans tous les milieux où ils vivent. L’Amérique latine a besoin de faire resplendir ce témoignage de Christifideles. On demande à tous les baptisés de fonder leur vie chrétienne sur des bases radicalement nouvelles, de renouveler leur rencontre avec Jésus et la façon qu’ils ont de le suivre, d’avoir une conscience reconnaissante et exigeante de la vocation à la sainteté comme chemin de perfection dans la charité. Combien il est important, pour la croissance du peuple de Dieu et pour son service d’évangélisation, qu’il y ait des prêtres toujours plus nombreux et, surtout, saints et religieux!
«… et reposez-vous un peu»

Des catholiques mexicains durant un pèlerinage en l’honneur de la Vierge de Guadalupe
Le fait de se retirer loin de l’agitation et de la distraction, dans un lieu où la présence des autres – personnes et choses – devient plus discrète, où le “cœur” de l’homme est tout entier tendu vers le Mystère présent, où le silence et la parole se concentrent dans l’écoute de Dieu, où l’on contemple, où l’on goûte le fait de rester en sa présence et en sa compagnie, où agit fortement la grâce de la conversion, ce fait a toujours été considéré par l’Église comme une pédagogie et une expérience spirituelle fécondes. N’est-ce pas précisément dans la solitude de Manresa qu’en 1522, Ignace de Loyola a écrit, dans ses grandes lignes, les Exercices spirituels qui, depuis lors, ont eu un rôle toujours plus précis et une diffusion toujours plus large dans les communautés chrétiennes? À présent, les exercices spirituels, dans la variété de leurs formes, sont toujours présents en Amérique latine, dans les programmes des communautés et des institutions les plus variées. Les réflexions spirituelles rassemblées dans ce livre peuvent, dans la spontanéité et la simplicité de leur rédaction et par la sagesse biblique et théologique, spirituelle et pastorale qu’elles expriment, être une source d’inspiration et d’édification pour beaucoup de gens.
Ami du Mexique et de l’Amérique latine
En qualité de président du Celam, je suis personnellement heureux de pouvoir publier ces cordiales conversations spirituelles qui introduisent à la “gloire de Dieu” – c’est le thème de ces exercices – et qui ont pour auteur un ami du Mexique et de l’Amérique latine. Mgr Mario Marini, né à Cervia, le 13 septembre 1936 a passé son doctorat en Ingénierie civile à l’Université de Bologne. Appelé ensuite au sacerdoce, il a fait ses études à Rome, à l’époque du Concile et s’est lié d’amitié avec un bon nombre d’étudiants du Pieux Collège pontifical latino-américain. La Providence l’a conduit au nord du Mexique où il a travaillé pendant deux ans comme missionnaire: il a été ainsi “conquis” par un peuple que la présence et la compagnie de la Vierge de Guadalupe lui a fait particulièrement aimer, qui a été évangélisé par une quantité extraordinaire de missionnaires, qui a fait la preuve de sa fidélité à la tradition catholique dans la persécution et le martyre et qui a été le berceau d’une abondante floraison de fondations charismatiques (comme celle justement des “Cruzados de Cristo Rey”). Pendant le service qu’il a accompli ensuite à la Secrétairerie d’État, d’abord comme chef de bureau dans la Congrégation pour le Clergé et actuellement comme sous-secrétaire de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, Mgr Marini a toujours prêté une attention passionnée non seulement à son Église d’adoption, mais à toute l’Église d’Amérique latine et fait preuve à leur égard d’une sollicitude pastorale. Celui qui est un bon serviteur du Pape est bien conscient du fait que dans un “continent d’espoir”, dans lequel vit la moitié des catholiques de la planète, sont en jeu des questions décisives pour l’existence de ses différents peuples – pour l”ur évangélisation et leur croissance humaine – et même pour toute l’Église universelle dans le troisième millénaire chrétien qui va commencer.