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08 - 2008 >
Les étapes de la vérification d’un miracle présumé dans les causes de canonisation
Les étapes de la vérification d’un miracle présumé dans les causes de canonisation
par Stefania Falasca
Jean Paul Ier salue les fidèles depuis la loge centrale de la basilique vaticane
Il est donc juste de rappeler ce que l’on entend par miracle, d’éclaircir l’importance que celui-ci revêt dans les causes de canonisation, et de décrire les étapes suivies par le procès pour qu’il soit reconnu.
Qu’est-ce qu’un miracle
Dans sa Somme théologique, saint Thomas d’Aquin définit miracle «ce qui est fait par Dieu en dehors de l’ordre de la nature». On considère donc comme miracle un fait qui dépasse les capacités de la nature et qui peut avoir été accompli par Dieu, par l’intercession d’un serviteur de Dieu ou d’un bienheureux. Les modalités d’un miracle sont qualifiées de la manière suivante: le miracle peut dépasser les capacités de la nature soit en ce qui concerne la substance du fait, soit en ce qui concerne le sujet, soit seulement en ce qui concerne la façon dont il se produit.
La nécessité des miracles dans les causes de canonisation
Sans l’approbation de miracles survenus par l’intercession d’un candidat aux honneurs des autels, une canonisation ne peut arriver à bon port. La béatification d’un serviteur de Dieu non martyr et la canonisation d’un bienheureux sont liées de manière contraignante à la reconnaissance d’un miracle. Actuellement, en effet, l’Église demande un miracle pour la béatification d’un serviteur de Dieu non martyr, et pour la canonisation (cela vaut aussi pour un martyr), elle en demande un autre. Seuls les miracles présumés attribués à l’intercession d’un serviteur de Dieu ou d’un bienheureux post mortem peuvent être l’objet d’une vérification. La vérification et la reconnaissance des miracles de la part de l’Église ont toujours joué un rôle central. Dès les premiers siècles, lorsque les évêques se trouvaient devoir concéder le culte pour un non-martyr, avant d’examiner l’excellentia vitae et virtutum, ils prenaient en considération les preuves de l’excellentia signorum, parce que les miracles, dans la mesure où ils sont œuvre de Dieu seul, don gratuit de Dieu, signe plus que certain de la révélation, destiné à susciter et à renforcer notre foi, sont aussi une confirmation de la sainteté de la personne invoquée. Dans une cause de canonisation, ils représentent donc l’approbation divine d’un jugement humain et leur reconnaissance permet d’accorder de façon sûre l’autorisation du culte. Une enquête, distincte de celle sur les vertus ou sur le martyre, est donc ouverte pour la vérification des miracles, et elle représente un véritable procès.
Jean Paul Ier salue les fidèles en traversant la Salle Nervi
Les étapes du procès pour la reconnaissance d’un miracle se succèdent conformément à la nouvelle réglementation établie en 1983 par la constitution apostolique Divinus perfectionis Magister. Cette législation établit deux moments distincts dans la procédure: le moment diocésain et celui de la Congrégation pour les Causes des Saints, dit romain. Le premier se tient dans le cadre du diocèse où a eu lieu le fait prodigieux. L’évêque ouvre l’instruction sur le miracle présumé, au cours de laquelle sont recueillies les dépositions des témoins oculaires interrogés par un tribunal constitué à cet effet, ainsi que la documentation clinique complète et instrumentale inhérente au cas. Dans le second moment, qui s’ouvre après la clôture de l’enquête diocésaine, la Congrégation examine l’ensemble des actes qui sont parvenus et l’éventuelle documentation complémentaire, et prononce son jugement sur le cas.
Une fois transmis à la Congrégation, le matériel recueilli dans les diocèses est soumis aux blissement d’un diagnostic précis de la maladie, du pronostic, de la thérapie et de l’effet de celle-ci. La guérison, pour être considérée comme l’objet d’un éventuel miracle, doit être jugée par les spécialistes comme rapide, complète, durable et inexplicable dans le cadre actuel des connaissances médicales. Si des perplexités se présentent au cours de l’examen, l’Assemblée suspend ses travaux et demande de nouvelles expertises et une documentation supplémentaire. Une fois obtenue la majorité ou l’unanimité de vote en faveur de l’extra-naturalité au sein de l’Assemblée, l’examen passe au Conseil de théologie. Les consulteurs théologiens, partant des conclusions de l’Assemblée médicale, sont appelés à trouver les liens de causalité entre les prières adressées au serviteur de Dieu et la guérison, et ils expriment leur avis sur le caractère miraculeux ou non du fait prodigieux. Quand les théologiens ont eux aussi exprimé et rédigé leur vote, l’évaluation passe à la Congrégation ordinaire des évêques et des cardinaux, lesquels discutent tous les éléments du miracle; chacun des membres donne alors son avis à soumettre à l’approbation du Pape, lequel détermine le miracle et décide ensuite d’en promulguer le décret. Le décret est donc le dernier acte du parcours juridique de la vérification d’un miracle. Il est l’acte juridique de la Congrégation pour les Causes des Saints, sanctionné par le Pape, par lequel un fait prodigieux est définitivement reconnu comme un véritable miracle.