Brève biographie
Un pasteur pour Paris
par Stefania Falasca
André Vingt-Trois est un authentique parisien de
souche, un «garçon de la Montagne
Sainte-Geneviève», la colline de la rive gauche où,
dans sa jeunesse, il a fréquenté dans les années
cinquante le prestigieux lycée Henri-IV, comme l’avaient fait
avant lui Jacques Maritain et Jean-Paul Sartre. Dans son livre-interview La liberté dans la foi, le
cardinal rappelle les années intenses passées dans le grand
lycée public parisien, ses nombreux «camarades non
chrétiens ou sans religion: des petits français qui
m’ont fait sentir qu’être catholique était une
particularité». De ses années d’enfance et
d’adolescence il se rappelle aussi «la rencontre
concrète et régulière avec les chrétiens et les
chrétiennes: des gens simples qui n’avaient d’autre
particularité culturelle que la pratique quotidienne de la foi de
l’Église».
En 1962, après une année à la Sorbonne, André, qui a alors vingt ans, entre au séminaire de Saint-Sulpice, à Issy-les-Moulineaux. Il est ordonné prêtre le 28 juin 1969 et est immédiatement envoyé comme vicaire à la paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal, dans le XVIe arrondissement, près de la Porte de Saint-Cloud. Quelques semaines plus tard, le nouveau curé arrive dans cette paroisse. Il s’appelle Jean-Marie Lustiger. Les deux prêtres passeront ensemble dans la paroisse les années de controverse qui suivent 68. Une période d’essai qui consolide entre les deux hommes un rapport qui était destiné à durer. Quand, en 1981, Jean Paul II le choisit comme archevêque de Paris, Mgr Lustiger appelle tout de suite à ses côtés André Vingt-Trois qui, dans l’entre-temps, est devenu professeur et directeur spirituel à son ancien séminaire d’Issy-les-Moulineaux, Et en 1988, il devient évêque auxiliaire de Paris.
Les deux hommes se ressemblent peu. Jean Marie Lustiger, le jeune juif devenu prince de l’Église, marque pendant plus de deux décennies la scène ecclésiale française de sa personnalité extrême, entièrement taillée dans le registre de l’exception. Sophistiqué, impatient, l’air habituellement tendu. André Vingt-Trois semble, lui, tranquille et peu inquiet, un homme d’un naturel généralement débonnaire. Un homme qui travaille dur mais qui sait prendre son temps. Et, qui sait de temps à autre éclater de son rire sonore devenu légendaire.
Dans les années de la nouvelle vague “lustigérienne”, A. Vingt-Trois est le factotum discret d’initiatives qui donnent le ton à l’épiscopat de son ex-curé, faisant écho en version française aux slogans wojtyliens de la Nouvelle Évangélisation: la relance de l’École cathédrale pour la formation théologique des laïcs; les débuts de Radio Notre-Dame; des mobilisations comme la Guerre scolaire de 1984, quand Mgr Lustiger et d’autres évêques français s’opposent publiquement au projet de loi Savary qui vise à unifier sous le contrôle de l’État tout le système scolaire.
En 1999, A. Vingt-Trois est nommé archevêque de Tours. Mais tout le monde sait que Mgr Lustiger lui-même pense à lui pour être son successeur à la tête d’un des diocèses les plus importants du monde. Le 11 février 2005, à la fin du pontificat de Jean Paul II, est publiée la nomination de Mgr Vingt-Trois comme archevêque de Paris. Benoît XVI le crée cardinal en novembre 2007. Au début de ce même mois, les évêques français l’avaient élu président de la Conférence épiscopale française.
«Je ne m’exalte pas si facilement», dit de lui-même André Vingt-Trois. Mais la foule qui remplit Notre-Dame le dimanche soir, à l’heure où d’habitude il célèbre habituellement la messe, est aussi une réponse silencieuse aux mauvaises langues qui se demandaient s’«il serait à la hauteur» de son exceptionnel prédécesseur. Peut-être son habituelle medietas de prêtre français de son époque contribue-t-elle à ouvrir les portes. Et aussi la franchise avec laquelle il dit ce qu’il pense, en toute liberté et sans animosité. Et encore l’impression que sa paisible cordialité a quelque chose à voir avec la formule qu’il a choisie comme devise épiscopale: «Dieu a tant aimé le monde».
En 1962, après une année à la Sorbonne, André, qui a alors vingt ans, entre au séminaire de Saint-Sulpice, à Issy-les-Moulineaux. Il est ordonné prêtre le 28 juin 1969 et est immédiatement envoyé comme vicaire à la paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal, dans le XVIe arrondissement, près de la Porte de Saint-Cloud. Quelques semaines plus tard, le nouveau curé arrive dans cette paroisse. Il s’appelle Jean-Marie Lustiger. Les deux prêtres passeront ensemble dans la paroisse les années de controverse qui suivent 68. Une période d’essai qui consolide entre les deux hommes un rapport qui était destiné à durer. Quand, en 1981, Jean Paul II le choisit comme archevêque de Paris, Mgr Lustiger appelle tout de suite à ses côtés André Vingt-Trois qui, dans l’entre-temps, est devenu professeur et directeur spirituel à son ancien séminaire d’Issy-les-Moulineaux, Et en 1988, il devient évêque auxiliaire de Paris.
Les deux hommes se ressemblent peu. Jean Marie Lustiger, le jeune juif devenu prince de l’Église, marque pendant plus de deux décennies la scène ecclésiale française de sa personnalité extrême, entièrement taillée dans le registre de l’exception. Sophistiqué, impatient, l’air habituellement tendu. André Vingt-Trois semble, lui, tranquille et peu inquiet, un homme d’un naturel généralement débonnaire. Un homme qui travaille dur mais qui sait prendre son temps. Et, qui sait de temps à autre éclater de son rire sonore devenu légendaire.
Dans les années de la nouvelle vague “lustigérienne”, A. Vingt-Trois est le factotum discret d’initiatives qui donnent le ton à l’épiscopat de son ex-curé, faisant écho en version française aux slogans wojtyliens de la Nouvelle Évangélisation: la relance de l’École cathédrale pour la formation théologique des laïcs; les débuts de Radio Notre-Dame; des mobilisations comme la Guerre scolaire de 1984, quand Mgr Lustiger et d’autres évêques français s’opposent publiquement au projet de loi Savary qui vise à unifier sous le contrôle de l’État tout le système scolaire.
En 1999, A. Vingt-Trois est nommé archevêque de Tours. Mais tout le monde sait que Mgr Lustiger lui-même pense à lui pour être son successeur à la tête d’un des diocèses les plus importants du monde. Le 11 février 2005, à la fin du pontificat de Jean Paul II, est publiée la nomination de Mgr Vingt-Trois comme archevêque de Paris. Benoît XVI le crée cardinal en novembre 2007. Au début de ce même mois, les évêques français l’avaient élu président de la Conférence épiscopale française.
«Je ne m’exalte pas si facilement», dit de lui-même André Vingt-Trois. Mais la foule qui remplit Notre-Dame le dimanche soir, à l’heure où d’habitude il célèbre habituellement la messe, est aussi une réponse silencieuse aux mauvaises langues qui se demandaient s’«il serait à la hauteur» de son exceptionnel prédécesseur. Peut-être son habituelle medietas de prêtre français de son époque contribue-t-elle à ouvrir les portes. Et aussi la franchise avec laquelle il dit ce qu’il pense, en toute liberté et sans animosité. Et encore l’impression que sa paisible cordialité a quelque chose à voir avec la formule qu’il a choisie comme devise épiscopale: «Dieu a tant aimé le monde».