La maison d’édition Ancora a traduit et publié en italien un recueil de poésies du primat anglican Rowan Williams, sous le titre La dodicesima notte. Dans son compte rendu du livre publié par le Corriere della Sera du 17 mars, Alberto Melloni écrit: «Par une métamorphose paradoxale du sens, on use abusivement, dans le langage commun de l’expérience chrétienne, du mot “tradition” pour indiquer des patrimoines statiques, des conceptions aussi étriquées que désuettes, des évidences arrogantes, en oubliant que dans l’acte de foi, la communication n’est pas un trompe-l’œil, mais quelque chose de substantiel […] Ce n’est donc pas par caprice que s’est développée dans le siècle dernier une “théologie” de l’expérience littéraire qui, comme nous l’a enseigné Jean-Pierre Jossua, se concentre sur un mot délibérément étranger à l’univers religieux, mais capable de sculpter dans la pierre de l’existence cette entaille dans laquelle la foi lit le mystère de Dieu, non pas comme vendeur de sens, mais comme accueil de toute distance. Et ce n’est pas un hasard si, même à notre époque, comme s’il voulait échapper à la vulgarité opportuniste du discours “religieux”, la parole de la foi se dérobe, cherchant à puiser dans ce registre poétique qui a travesti des sensualités impérieuses comme celle de saint Jean de la Croix ou festonné la perfection musicale d’Ephrem le Syrien».

Le 29 février, la Repubblica a publié un article du philosophe et essayiste bulgare Tzvetan Todorov qui, après avoir terminé ses études dans un pays où régnait le “socialisme réel”, s’est installé en France, en 1963. Voici un passage de l’article: «Les programmes politiques des partis peuvent se diviser en deux grands groupes. Les premiers promettent le salut. Substituts profanes de la religion, ils considèrent que le monde, ce pauvre monde, est mauvais dans sa totalité et qu’il faut par conséquent l’abattre pour le remplacer par un autre dans lequel tout procéderait à merveille. Les autres se contentent de proposer différents niveaux d’adaptation et d’accommodement: le monde qui nous entoure n’est certes pas parfait – nous l’admettons –, il faut réformer quelque chose ça et là, mais nous devons néanmoins accepter quelques compromis par rapport à nos ambitieuses espérances.
Les discours politiques de 1968 appartenaient clairement à la première catégorie: heureusement, il n’y eut aucun Lénine en herbe parmi ces révolutionnaires potentiels. En tout cas, quelques années après, le projet de transformation radicale et violente de la société est ressuscité sous une autre forme, dans le cadre d’une doctrine dénommée à tort “néo-conservatisme”, quand il s’agit plutôt de “néo-révolution”. À une différence près, c’est que cette fois, ce n’était plus de son propre pays que l’on voulait assurer le salut, mais d’un pays étranger. On définit parfois cette doctrine “droit d’ingérence”: on décide donc que, dans le but d’apporter aux autres le salut, et, dans ce cas, la démocratie et l’économie de marché, il est licite, et même louable, de les envahir militairement et de leur imposer un nouveau régime».

«Le libre marché n’est plus la condition préalable de la démocratie. Il était le drapeau de Milton Friedman lorsqu’il soutenait Pinochet. Adam Smith prévoyait, en revanche, la nécessité que l’État contrôle le marché. Selon une thèse de Robert Reich, contenue dans son livre Supercapitalisme, il existait un capitalisme démocratique avant la fin des années Soixante-dix. Après, a commencé un supercapitalisme, une période dans laquelle la concurrence effrénée, tout en abaissant les prix, a affaibli la démocratie, les droits de liberté, la sécurité dans le travail, la défense de l’environnement. Toutes les lois se sont pliées à la volonté des grandes corporations et des grandes banques qui, à elles seules, ont des chiffres d’affaires supérieurs à ceux de nations entières». C’est ce que déclare Guido Rossi dans la Repubblica du 18 mars.

ÉGLISE/1
En souvenir de Chiara Lubich

Le mardi 18 mars ont été célébrées les funérailles de Chiara Lubich, la fondatrice du mouvement des Focolari, qui a été rappelée à Dieu dans la nuit du 13 au 14 mars. Les obsèques ont été présidées par le secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone. Nous publions un passage de l’homélie du prélat, que nous empruntons à L’Osservatore Romano: «Mais comment vivre l’Amour? Après la dernière Cène, dans son adieu ému aux apôtres, Jésus prie pour que “tous soient un”. C’est donc la prière du Christ qui soutient le chemin de ses amis de toutes les époques […] Le XXe siècle est constellé d’astres lumineux de cet amour divin [...] Il a également été le siècle où de nouveaux mouvements ecclésiaux sont nés, et Chiara Lubich a sa place dans cette constellation avec un charisme qui lui est propre et qui marque sa physionomie et son action apostolique. La fondatrice du mouvement des Focolari n’a pas créé des institutions d’assistance et de promotion humaine, mais à sa manière, humble et silencieuse, elle s’est consacrée à allumer le feu de l’amour de Dieu dans le cœur des hommes».


ÉGLISE/2
La mort tragique de Mgr Rahho

«Informé de la mort tragique de Mgr Paulos Faraj Rahho, archevêque de Mossoul des Chaldéens, après son enlèvement dramatique survenu le 29 février dernier, je désire vous faire savoir à vous, à l’Église chaldéenne et à toute la communauté chrétienne, que je suis particulièrement proche de vous, et réaffirme que je déplore de la façon la plus vive cet acte de violence inhumaine qui offense la dignité de l’être humain et nuit gravement à la cause de la coexistence fraternelle du cher peuple irakien. Tout en assurant de mes prières ferventes pour ce pasteur zélé, enlevé juste à la fin de la célébration du Chemin de Croix, j’invoque la miséricorde du Seigneur afin que ce tragique événement serve à construire sur la terre martyrisée de l’Irak un avenir de paix». Tel est le texte du télégramme du Pape (publié par L’Osservatore Romano du 14 mars) adressé par le Pape au cardinal Emmanuel III Delly, patriarche de Babylone des Chaldéens.


ÉGLISE/3
À l’occasion de la mort du frère de Jean Paul Ier

Le lundi 10 mars est mort Edoardo Luciani, Berto, frère du pape Jean Paul Ier. Dans le télégramme envoyé à l’évêque de Belluno-Feltre pour commémorer sa disparition, le Saint-Père, après avoir rappelé «leur récente rencontre cordiale à Lorenzago di Cadore», écrit: «En rappelant ses grandes vertus humaines et chrétiennes, et particulièrement son dévouement exemplaire à sa famille, son généreux service de l’Église, son profond engagement civil, je prie avec ferveur pour que le défunt partage avec le Seigneur ressuscité, auprès de son épouse et de son frère Pontife si tendrement aimé, la joie et la paix sans fin».


SACRÉ COLLÈGE
La mort des cardinaux Dery et Suarez Rivera

Le 6 mars a été rappelé à Dieu le cardinal africain Peter Poreku Dery, archevêque émérite de Tamale au Ghana, créé cardinal par Benoît XVI en 2006. Il aurait fêté ses 90 ans en mai.
Le 22 mars est mort le cardinal mexicain Adolfo Antonio Suarez Rivera, archevêque de Monterrey de 1983 à 2003, créé cardinal par Jean Paul II en 1994.
Le 25 mars, le Sacré Collège compte donc 197 cardinaux, dont 119 électeurs.


DIALOGUE
La première église du Qatar

«La première église du Qatar a été inaugurée hier, et des milliers de fidèles ont participé à la première messe célébrée par le cardinal indien Ivan Dias, envoyé du Saint-Siège, qui a remercié “Dieu et le Qatar d’un si grand don”», peut-on lire dans La Stampa du lundi 17 mars. L’église du Rosaire a été édifiée sur des terrains donnés par l’émir du Qatar, Cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani.


CURIE/1
Sous-secrétaire à la Congrégation pour les Religieux

Le 28 février, le père cistercien Sebastiano Paciolla a été nommé sous-secrétaire de la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique. Paciolla, qui était jusque là promoteur de justice du Tribunal de la Sainte Rote, secondera l’autre sous-secrétaire du dicastère, sœur Enrica Rosanna.


CURIE/2
Nominations à la Commission «Ecclesia Dei»

Le 13 mars, le Pape a nommé Mgr Camille Perl vice-président de la Commission pontificale «Ecclesia Dei», dont il était secrétaire; à la même date, il a nommé Mgr Mario Marini secrétaire du même dicastère, dont il était secrétaire adjoint.


VATICAN
Nominations à l’Institut pour les Œuvres de Religion

L’Osservatore Romano du 24 février 2008 a publié en première page, mais pas dans la rubrique officielle “Nostre informazioni”, la nouvelle que Benoît XVI a renouvelé la Commission cardinalice de vigilance de l’Institut pour les Œuvres de Religion. Ont été confirmés dans leur charge les cardinaux Tarcisio Bertone, secrétaire d’État et camerlingue, et Attilio Nicora, président de l’APSA. Nommés ex novo en revanche, les cardinaux Jean-Louis Tauran (français, président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux), Telesphore Placidus Toppo (archevêque de Ranchi, en Inde) et Odilo Pedro Scherer (archevêque de São Paulo au Brésil). On a appris par la suite, par une note parue dans le Bulletin n. 1-3 des Variazioni dell’Annuario Pontificio 2008 publié par la Secrétairerie d’État, que le cardinal Bertone a été désigné comme président de la Commission susdite. Il était déjà arrivé par le passé, avec le cardinal Jean Villot, que le secrétaire d’État soit à la fois camerlingue et président de la Commission de vigilance de l’Institut pour les Œuvres de Religion (IOR).


Diplomatie/1
De nouveaux nonces en Croatie, en Irlande, en Bolivie, au Ghana et en Slovaquie

Le 14 février, l’archevêque sarde Roberto Cassari, qui fêtera ses 65 ans en août, a été nommé nonce en Croatie. Prêtre depuis 1969, évêque depuis 1999, Cassari était nonce depuis 2004 en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et au Niger.
Le 22 février, l’archevêque sicilien Giuseppe Leanza, âgé de 65 ans, a été nommé nonce en Irlande. Prêtre depuis 1966, entré dans le service diplomatique du Saint-Siège en 1972, Leanza a été précédemment nonce à Haïti, en Zambie et au Malawi, en Bosnie, en Slovénie, en Macédoine et, dernièrement, en Bulgarie.
Toujours le 22 février, Mgr Luciano Suriani, originaire des Abruzzes, 51 ans, a été élu archevêque et nommé nonce apostolique en Bolivie. Prêtre depuis 1981, Suriani est entré dans la carrière diplomatique en 1990 et a servi dans les différentes représentations pontificales en Côte d’Ivoire, en Suisse, dans la deuxième section de la Secrétairerie d’État, et dernièrement, dans la nonciature en Italie.
Le 1er mars, Mgr Leon Kalenga Badikebele, 52 ans, originaire de la République Démocratique du Congo, a été élu archevêque et nommé nonce au Ghana. Prêtre depuis 1982, membre du service diplomatique depuis 1990, Mgr Kalenga a servi dans les nonciatures de Haïti, du Guatemala, de Zambie, du Brésil, d’Égypte, du Zimbabwe, et dernièrement du Japon.
Le 15 mars, l’archevêque piémontais Mario Giordana, 66 ans, a été nommé nonce en Slovaquie. Prêtre depuis 1967, entré dans le service diplomatique en 1976, Giordana est archevêque depuis 2004, année où il a été nommé nonce à Haïti.


Diplomatie/2
De nouveaux ambassadeurs de Serbie, des États-Unis, de Bolivie et de Grèce près le Saint-Siège

Le 21 février, le Pape a reçu les lettres de créance du nouvel ambassadeur de Serbie près le Saint-Siège. Il s’agit de M. Vladeta Jankovic, professeur, 68 ans, ancien ambassadeur de Belgrade en Grande-Bretagne de 2001 à 2006.
Le 29 février, le nouvel ambassadeur des États-Unis a présenté ses lettres de créance. Il s’agit de Mme Mary Ann Glendon, 69 ans, jusque là professeur de droit à la Harvard Law School de Cambridge (Massachusetts) et présidente de l’Académie pontificale de Sciences sociales.
Le 14 mars, le nouvel ambassadeur de Bolivie a présenté ses lettres de créance. Il s’agit de Carlos Federico de la Riva Guerra, 59 ans, jusque là président du directoire du “Centro de investigación y promoción del Campesinado” (Cipca) et directeur général du collège jésuite San Callixto à La Paz.
Le 15 mars, le nouvel ambassadeur de Grèce a présenté ses lettres de créance. Il s’agit de Miltiadis Hiskakis, 58 ans, diplomate de carrière, ancien consul général à Naples de 1992 à 1997, et directeur général du ministère des Affaires étrangères grec, ces deux dernières années.


Diplomatie/3
Accord entre le Saint-Siège et Andorre

Le 17 mars, au Vatican, a été signé un accord entre le Saint-Siège et la Principauté d’Andorre. Dans un communiqué diffusé par la Salle de presse du Vatican, il est rappelé que: «En 1993, la Principauté s’est dotée d’une constitution qui conserve intact le système de la Co-Principauté, qui remonte à 1278, au temps du pontificat de Martin IV qui a confirmé le “paretage” (accord ou pacte). Les co-princes – qui sont l’évêque d’Urgell et le président de la République française – exercent de manière conjointe et indivisible les fonctions de chef de l’État». «L’accord signé entre le Saint-Siège et la Principauté d’Andorre», poursuit le communiqué, «se compose d’un préambule et de seize articles, regroupés en six parties, qui concernent les matières suivantes: l’évêque d’Urgell, le statut juridique de l’Église catholique à Andorre, le mariage canonique, l’enseignement de la religion à l’école, le système économique de l’Église catholique à Andorre. L’accord se termine par quelques dispositions finales».

«À ceux qui lui demandaient comment on pouvait vaincre la violence du Mal, François d’Assise répondit un jour: “Pourquoi agresser les ténèbres? Il suffit d’allumer une lumière et les ténèbres s’enfuient, épouvantées”. Il faut en finir, dans tous les domaines, avec “l’agression des ténèbres”. On n’en peut plus des agressions, des croisades et des contre-croisades». Tel est le début d’un article paru dans la Repubblica, le 27 février dernier, qui se poursuit ainsi: «Mais son génie a agrandi l’horizon de la connaissance, et y a introduit les valeurs des choses, et il a agrandi l’organe de la connaissance en lui annexant le cœur. Le Cantique des créatures va bien au-delà du sentiment de fraternité avec la nature tout entière. Aujourd’hui, nous pouvons y lire une admiration heureuse et confiante pour ce qu’annonce le visible. Mais non pour la visibilité de la vie publique, de la place, de la polis. Ce n’est pas dans ce visible-là que se traduit l’Invisible: c’est justement parce que l’on a commis l’immense erreur de croire cela, qu’est arrivée dans le monde la théocratie, et en Italie, l’idéologie néo-guelfe. Et c’est cette erreur qui a nourri au siècle dernier les formes vraiment athéo-dévotes de la théo-politique: un nihilisme décideur qui réduit tout à des rapports de pouvoir brutaux ou raffinés, et qui a même fini par réduire les catégories du politique à une simplification barbare, vaguement mafieuse: ami-ennemi. Tout autre est le visible que François glorifie, celui de l’humble vie de chaque créature».