Rubriques
Tiré du n°02/03 - 2010


ÉGLISE/2

Mgr Bagnasco: la mystérieuse et gratuite antériorité de la grâce divine


Angelo Bagnasco [© Romano Siciliani]

Angelo Bagnasco [© Romano Siciliani]

«“Je vous en supplie, au nom du Christ: laissez-vous réconcilier avec Dieu” (2Co 5, 20). Le fait de reprendre chaque année le chemin du carême n’a rien de routinier, rien de cycliquement obligatoire. Il n’y a pas d’abord notre empressement mais plutôt l’initiative de Dieu, une mystérieuse et gratuite antériorité de la grâce divine: il nous reste la tâche de nous laisser atteindre, de nous rendre à son amour et à son appel. En effet, seul Dieu est capable de nous attirer». Ainsi commence le discours inaugural que le cardinal Angelo Bagnasco, archevêque de Gênes, a prononcé devant le Conseil permanent de la Conférence épiscopale italienne, le 22 mars dernier. Au cours de son intervention, le cardinal a évoqué les polémiques soulevées contre le Pape par le scandale des prêtres pédophiles et a voulu exprimer, au nom des évêques italiens, sa solidarité avec le Pape: «Plus se multiplient ça et là», a-t-il dit, «d’inutiles tentatives de porter atteinte à sa personne aimable et limpide, plus le peuple de Dieu, ému et fier, se tourne vers lui. C’est aussi pour cela que nous lui renouvelons notre solidarité, plus forte et plus reconnaissante que jamais, notre profonde affection et notre communion pleine et concrète». Le cardinal a conclu son intervention par ces mots: «Je conclus en citant un laïc catholique, Vittorio Bachelet, qui est mort il y a trente ans, le 12 février 1980, sur les marches de son Université, victime d’un dessein aussi perfide qu’illusoire. Il disait: “Dans cette phase de passage, dans ce tournant de la civilisation, auquel a voulu répondre le Concile Vatican II – dans le sillon fécond duquel nous avons voulu travailler et nous nous engageons à travailler encore –, on a surtout besoin d’une force spirituelle qui, avec les pauvres moyens des hommes, atteste la fidélité au Christ, dans une charité ouverte et libre envers tous nos frères, qui laisse transparaître Son visage”.”Mais cela”, ajoutait-il, “ne peut se faire sans qu’on donne sa vie, comme l’a fait le père Maximilien Kolbe dans son camp de concentration, mais comme chacun de nous peut et doit le faire chaque jour pour qu’un de ses frères, pour que tous ses frères aient encore un peu plus de vie” (Vittorio Bachelet, Discorsi 1964-1973)».




HISTOIRE

La psychanalyse et Hitler


Adolf  Hitler

Adolf Hitler

«Un petit tableau, de dix centimètres sur vingt, presque une carte postale. La signature: “A. Hitler 1910”. Avec au dos, quelques mots au crayon, en italien: Studio medico Sigmund Freud». Ainsi commence un article publié le 14 février dernier par le Corriere della Sera et intitulé L’acquerello di Hitler all’asta [L’aquarelle de Hitler aux enchères]; «Elle se trouvait dans le cabinet de Freud». Dans la suite de l’article, on apprend que ce tableau a été «apporté en Italie, immédiatement après la guerre, par un jeune soldat américain qui affirmait l’avoir pris dans le cabinet de Freud». L’auteur de l’article avance plusieurs hypothèses – sous bénéfice d’inventaire – sur la manière dont Freud aurait pu entrer en possession de ce tableau, et il conclut: «Bien sûr, rien n’avait fait penser jusqu’alors que les deux hommes se fussent “connus”. Il est aussi possible […] que l’aquarelle ait été achetée, dans l’ignorance de l’identité de son auteur, par une secrétaire ou par Freud lui-même. Peut-être – à supposer que la phrase ne soit pas l’œuvre d’un faussaire ou une simple farce dont l’auteur se serait amusé à croiser recto verso les destins des deux hommes – ne saurons-nous jamais si Freud a étudié “cliniquement” ce tableau. Mais on peut aussi s’étonner qu’il soit passé si souvent devant, sans s’apercevoir de rien».




LIVRES

L’exorciste, le démon et l’Église


Père  Amorth, IMemorie di un esorcista. La mia vita in lotta contro Satana/I, Éditions Piemme, Milan 2010, 224 p., 15,00 Euro

Père Amorth, IMemorie di un esorcista. La mia vita in lotta contro Satana/I, Éditions Piemme, Milan 2010, 224 p., 15,00 Euro

«Le Pape croit sans réserve à la pratique de la libération du Mal. En effet, le diable habite au Vatican; je suis en étroites relations avec plusieurs personnes qui le confirment; naturellement, il est difficile d’en trouver les preuves, mais en tout cas, on en voit les conséquences. Des cardinaux qui ne croient pas en Jésus, des évêques qui sont liés au démon. Lorsqu’on parle de “fumée de Satan” dans les salles du Vatican, c’est parfaitement vrai. Même ces dernières histoires de violences et de pédophilie». Ainsi s’exprime le père Amorth, le plus célèbre des exorcistes de l’Église de Rome, dans une interview accordée à Marco Ansaldo et publiée par la Repubblica du 10 mars intitulée Io esorcista e il demonio nella Chiesa [Moi, exorciste, et le diable dans l’Église ].





Nancy Pelosi [© Associated Press/LaPresse]

Nancy Pelosi [© Associated Press/LaPresse]

États-Unis/1
La réforme sanitaire et saint Joseph

«Aujourd’hui, nous fêtons saint Joseph, patron des travailleurs, un saint particulièrement cher aux italo-américains; aujourd’hui nous commémorons et nous prions saint Joseph pour qu’il fasse du bien aux travailleurs d’Amérique, et c’est exactement ce que fera la loi sur la réforme sanitaire». Ainsi s’est exprimée Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des Représentants des États-Unis, lors d’une conférence de presse qu’elle a tenue le 19 mars dernier. Cette citation de saint Joseph de la part du chef de file du parti démocrate a été rapportée par La Stampa le 22 mars dernier.


États-Unis/2
Les religieuses et les hôpitaux catholiques approuvent la réforme sanitaire

À la veille du vote qui a ratifié l’approbation de la réforme sanitaire des États-Unis, les religieuses américaines se sont déclarées en faveur de la loi voulue par Barack Obama, rapporte le Corriere della Sera du 19 mars: «Dans une lettre adressée au Congrès, Network, un groupe qui comprend la totalité des cinquante congrégations et ordres religieux féminins d’Amérique, s’est déclaré en faveur de la ratification du décret, au nom du droit à la vie […]. La prise de position des religieuses américaines suit celle de la Catholic Health Association, qui comprend six cents hôpitaux et mille quatre cents maisons de santé catholiques».


Église/3
Crociata: c’est Dieu qui vient à notre rencontre

«Les temps sont favorables pour que nous redécouvrions, avec un émerveillement renouvelé, que Dieu vient à notre rencontre, sans se soucier de ce que nous sommes ni de ce que nous avons pu commettre. Il se penche sur nous et nous retient lorsque nous nous précipitons inexorablement dans un abîme sans fond». Ainsi s’est exprimé Mgr Mariano Crociata, secrétaire général de la Conférence épiscopale italienne, dans l’homélie de la messe du Mercredi des Cendres à laquelle ont participé les prêtres, les religieuses et les laïcs qui travaillent au Secrétariat génétral de la CEI, homélie qui a été publiée, pour l’essentiel, dans l’Avvenire du 18 février. «Notre initiative», a conclu le prélat, «réside entièrement dans la capacité que Dieu nous donne de répondre, d’accueillir, de seconder Son tout».


Église/4
Le père Lombardi contre le fondamentalisme, y compris celui de certains chrétiens

Au début de mars, le Nigeria a été le théâtre de massacres qui ont frappé plusieurs communautés chrétiennes. Évoquant ces tragiques événements, le père Federico Lombardi, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège et de Radio Vatican, a réaffirmé ce qu’avaient déjà dit les évêques du lieu, à savoir qu’il s’est agi d’affrontements qui «ne sont pas de nature religieuse, mais sociale». Dans une interview publiée peu après par le Corriere della Sera du 9 mars, il a précisé: «Il existe aussi un fondamentalisme chrétien, celui de sectes ou de groupes qui se lancent dans un prosélytisme forcené, arrivant parfois à susciter les réactions de fondamentalismes opposés, et violents. Il arrive que les chrétiens, et en particulier les catholiques, soient mis en difficulté parce que l’on ne sait pas distinguer le bon grain de l’ivraie. L’Église, en revanche, a toujours gardé une attitude respectueuse et ouverte au dialogue. L’essentiel est de créer les conditions pour une coexistence pacifique».


Sacré Collège
Maida, Williams et Herranz fêtent leurs quatre-vingts ans

Trois cardinaux ont atteint l’âge de quatre-vingts ans au cours du mois de mars. D’abord le prélat américain Adam Joseph Maida, archevêque de Detroit de 1990 à 2009, le 18 mars. Puis le 20 mars, Thomas Stafford Williams, néo-zélandais, archevêque de Wellington de 1979 à 2005. Et enfin le 31, le cardinal espagnol Julián Herranz, membre du clergé de l’Opus Dei, président émérite du Conseil pontifical pour les Textes législatifs. À la fin de mars, le Sacré Collège compte donc 182 cardinaux, dont 108 électeurs pour un éventuel conclave.


Monde
Les militaires américains ne veulent pas d’une attaque contre l’Iran

L’Iran? «Le régime est en difficulté. Difficile de prévoir combien de temps cela va durer. Les gardes révolutionnaires voudraient changer le cours des choses. Les pasdaran essaient probablement de pousser Israël à attaquer. Cela leur permettrait de rassembler la population au nom de la défense de la nation». C’est ce que déclare le chercheur américain Joseph Cirincione, l’un des plus grands experts internationaux du désarmement nucléaire, dans une interview publiée par La Stampa le 2 mars dernier. Interrogé ensuite sur la possibilité qu’Israël attaque l’Iran sans le feu vert des Américains, il a répondu: «C’est possible, mais très improbable. Les militaires américains ne veulent pas entreprendre une troisième guerre au Moyen-Orient. Le chef d’État-major, l’amiral Mullen, a expliqué il y a quelques jours qu’une attaque aurait “des conséquences indésirables”».


Curie/1
Commission internationale sur Medjugorje

Le 17 mars dernier, la Salle de presse du Vatican a fait savoir qu’avait été constituée, auprès de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et sous la présidence du cardinal Camillo Ruini, une Commission internationale d’enquête sur les “phénomènes” de Medjugorje. La Commission, «composée de cardinaux, d’évêques, de spécialistes et d’experts», travaillera «dans la plus grande réserve» et soumettra le résultat de ses recherches au dicastère même.


Curie/2
Enrico Dal Covolo a prêché les exercices spirituels

Les exercices spirituels pour la Curie romaine se sont déroulés du 21 au 27 février au Vatican. Benoît XVI a appelé cette année pour les prêcher don Enrico Dal Covolo, postulateur général de la famille salésienne, qui a proposé des méditations sur le thème: “Leçons” de Dieu et de l’Église sur la vocation sacerdotale. Au terme des exercices, le Pape, s’adressant au «cher don Enrico», l’a remercié «du fond du cœur» pour «la manière passionnée et très personnelle dont il a guidé les membres de la Curie sur le chemin qui mène au Christ, sur le chemin du renouvellement de leur sacerdoce».


Italie
Di Cerbo évêque d’Alife-Caiazzo

Le 6 mars dernier, Mgr Valentino Di Cerbo, 67 ans en septembre prochain, chef de bureau de la section italienne de la Secrétairerie d’État depuis 2002, a été nommé évêque d’Alife-Caiazzo, en Campanie. Di Cerbo, originaire de Frasso Telesino (Bénévent), a été ordonné prêtre en 1968 et était incardiné dans le diocèse de Rome.


Diplomatie
Nouvelles charges pour des nonces

Le 17 février dernier, l’archevêque Alessandro D’Errico, originaire de Campanie, nonce apostolique en Bosnie-Herzégovine depuis 2005, a également été nommé représentant pontifical au Monténégro. Le 20 février, l’archevêque tanzanien Novatus Rugambwa, nommé nonce à São Tomé-e-Príncipe le 6 février dernier, a également été fait représentant pontifical en Angola. Le 13 mars, l’archevêque irlandais Eugene Martin Nugent, nommé nonce à Madagascar le 13 février, a également été nommé représentant pontifical à l’Île Maurice et aux Seychelles. Le 27 mars, l’archevêque croate Petar Rajic, nommé nonce au Koweït, au Bahreïn et au Qatar en décembre dernier, a également été fait représentant pontifical au Yémen et dans les Émirats Arabes Unis.




ÉGLISE/1

Benoît XVI contre la pédophilie


«Laissez venir à moi les petits enfants» (IMt/I 19, 14)

«Laissez venir à moi les petits enfants» (IMt/I 19, 14)

Le 19 mars, solennité de saint Joseph, patron de l’Église universelle, le pape Benoît XVI a signé la Lettre pastorale aux catholiques d’Irlande, qui affronte les crimes de pédophilie à l’intérieur de l’Église. Nous en rapportons quelques passages.
Aux victimes d’abus et à leurs familles: «Vous avez terriblement souffert et j’en suis profondément désolé. Je sais que rien ne peut effacer le mal que vous avez subi. Votre confiance a été trahie, et votre dignité a été violée. Beaucoup d’entre vous, alors qu’ils étaient suffisamment courageux pour parler de ce qui leur était arrivé, ont fait l’expérience que personne ne les écoutait. Ceux d’entre vous qui ont subi des abus dans les collèges doivent avoir eu l’impression qu’il n’y avait aucun moyen d’échapper à leur souffrance. Il est compréhensible que vous trouviez difficile de pardonner ou de vous réconcilier avec l’Église. En son nom, je vous exprime ouvertement la honte et le remords que nous éprouvons tous. En même temps, je vous demande de ne pas perdre l’espérance. C’est dans la communion de l’Église que nous rencontrons la personne de Jésus-Christ, lui-même victime de l’injustice et du péché. Comme vous, il porte encore les blessures de sa souffrance injuste. Il comprend la profondeur de votre peine et la persistance de son effet dans vos vies et dans vos relations avec les autres, y compris vos relations avec l’Église. Je sais que certains d’entre vous trouvent aussi difficile d’entrer dans une église après ce qui s’est passé. Toutefois, les blessures mêmes du Christ, transformées par ses souffrances rédemptrices, sont les instruments grâce auxquels le pouvoir du mal s’est brisé et nous renaissons à la vie et à l’espérance. Je crois fermement dans le pouvoir de guérison de son amour sacrificiel – même dans les situations les plus sombres et sans espérance – qui apporte la libération et la promesse d’un nouveau début».
Aux prêtres et aux religieux qui ont abusé des enfants: «Vous avez trahi la confiance placée en vous par de jeunes innocents et par leurs parents. Vous devez répondre de cela devant Dieu tout-puissant, ainsi que devant les tribunaux constitués à cet effet. Vous avez perdu l’estime des gens en Irlande et fait rejaillir la honte et le déshonneur sur vos confrères. Ceux d’entre vous qui sont prêtres ont violé la sainteté du sacrement de l’Ordre sacré, dans lequel le Christ se rend présent en nous et dans nos actions. En même temps que le dommage immense causé aux victimes, un grand dommage a été perpétré contre l’Église et la perception publique du sacerdoce et de la vie religieuse. Je vous exhorte à examiner votre conscience, à assumer la responsabilité des péchés que vous avez commis et à exprimer avec humilité votre regret […]. Le sacrifice rédempteur du Christ a le pouvoir de pardonner même le plus grave des péchés et de tirer le bien également du plus terrible des maux. Dans le même temps, la justice de Dieu exige que nous rendions compte de nos actions sans rien cacher».
Aux prêtres et aux religieux d’Irlande: «Nous souffrons tous à la suite des péchés de nos confrères qui ont trahi une consigne sacrée ou qui n’ont pas affronté de manière juste et responsable les accusations d’abus. Face à l’outrage et à l’indignation que cela a provoqué, non seulement parmi les laïcs mais également parmi vous et vos communautés religieuses, un grand nombre d’entre vous se sentent personnellement découragés et même abandonnés. En outre, je suis conscient qu’aux yeux de certains vous apparaissez coupables par association et que vous êtes vus comme si vous étiez en quelque sorte responsables des méfaits des autres. En ce temps de souffrance, je veux vous donner acte du dévouement de votre vie de prêtres et de religieux et de vos apostolats, et je vous invite à réaffirmer votre foi dans le Christ, votre amour envers son Église et votre confiance dans la promesse de rédemption, de pardon et de renouveau intérieur de l’Évangile. De cette manière, vous démontrerez à tous que, là où le péché abonde, la grâce surabonde (cf. Rm 5, 20)».


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