30JOURS DANS LE MONDE
MONDE
La mort de Ben Laden et celle de Hitler
Ben Laden
[© Associated Press/LaPresse]
ITALIE/1
Pisapia et don Giussani
Giuliano Pisapia pendant qu’il vote au lycée Berchet, pour les récentes élections administratives, Milan, 29 mai 2011
[© LaPresse]
Pisapia avait parlé de son rapport avec don Giussani dans une autre interview qu’il avait accordée à Giuseppe Frangi pour l’hebdomadaire Vita, le 28 février 2005, et tout d’abord de sa première, surprenante, rencontre avec lui: «Il entra en classe», raconte-t-il, «et nous demanda si nous trouvions juste que des parents catholiques éduquent leurs enfants selon les principes de cette religion. L’un de nous lui retourna la question: trouvez-vous juste, vous, que des parents communistes éduquent leur enfant selon les principes en lesquels ils croient? Don Giussani n’eut pas un instant d’hésitation. Il répondit oui». C’est depuis ce jour que Pisapia, comme il le raconte encore dans son interview sur Vita, commença à fréquenter le prêtre et le groupe d’adolescents qui tournait autour de lui: «Tous les dimanches, nous allions dans la Bassa milanese, une zone économiquement défavorisée. Dans les fermes, nous partagions la vie des gens, nous mangions et jouions. Et puis nous parlions aussi de la foi, mais sans aucune prétention d’endoctrinement […]. Don Giussani avait une charge immense d’humanité. Et il bannissait toutes les formalités. Sa force était le dialogue. Il voulait que nous fussions nous-mêmes, que nous eussions le courage de défendre nos idées, même si elles étaient opposées aux siennes. Il ne partait jamais des dogmes, comme faisaient les autres prêtres. Il nous voulait libres. Ainsi, avec lui, nous pouvions parler de tout, et même de questions personnelles qui n’avaient rien à voir avec la foi». La voie du jeune homme allait prendre ensuite d’autres directions: 68, l’engagement dans la politique, en particulier dans la gauche italienne. Cependant Pisapia attribue à cette rencontre de jeunesse une importance fondamentale, comme il le reconnaît dans cette interview accordée à Giuseppe Frangi: «Sans Giussani, je ne sais pas si j’aurais compris ce que veut dire être du côté des faibles. Et puis il m’a appris que l’expérience compte plus que n’importe quelle lecture. C’est une valeur que j’ai retrouvée dans la gauche. Mais la première fois qu’elle a été claire pour moi, cela a été dans les cours de ferme de la Bassa milanese».
ITALIE/2
Napolitano, Obama et le “moment d’opportunités”
Giorgio Napolitano et Barack Obama à Varsovie, le 27 mai 2011 [© Présidence de la République italienne]
Dépêches
Eglise/1
Etchegaray, le pape Benoît XVI et le nouveau début du christianisme
«On a parfois la sensation de tout connaître de Benoît XVI à partir de son immense et dense production théologique. Mais, en vérité, on commence à peine à le découvrir, ou plutôt à découvrir ce qu’est un Pape dans l’exercice de sa fonction pastorale, en ce sens qu’il est un pasteur qui guide son troupeau surtout dans les tempêtes. Élu pape, Benoît XVI est devenu curé; l’Église a découvert un pasteur et pas seulement un théologien, et le monde un point de référence indispensable […]. Oui, c’est exactement cela. Ne s’est-il pas présenté au début comme un “ouvrier dans la vigne du Seigneur”? Son homélie du dimanche des Rameaux a été, en ce sens, exemplaire: il a parlé de l’humilité de Dieu, qui a choisi la voie de la Croix pour manifester sous une forme extrême son amour. Le pontificat de Benoît XVI va par ces chemins». C’est ce qu’a écrit le cardinal Roger Etchegaray sur l’Avvenire du 19 avril. Le cardinal poursuit: «Dans sa conversation avec Peter Seewald, il y a un passage fondamental: “Le Pape veut aujourd’hui que son Église se soumette à une purification fondamentale… Il s’agit de faire voir Dieu aux hommes, de leur dire la vérité. La vérité sur les mystères de la Création. La vérité sur l’existence humaine. Et la vérité sur notre espérance, au-delà de la seule vie terrestre” […]. Tout pourrait être résumé dans cette pensée: “le christianisme est dans un état permanent de nouveau début”».
Bartholomeos Ier
[© Associated Press/LaPresse]
Bartholomeos Ier, les calamités naturelles et les perversités spirituelles
«Les destructions de la nature provoquées par les tremblements de terre et les ondes océaniques, jointes à la menace de dévastation venant d’une explosion nucléaire, et les sacrifices humains qui dérivent des conflits militaires et des actions terroristes révèlent que le monde vit un moment de tourment et d’angoisse terribles sous la pression des forces naturelles et spirituelles du mal […] Mais malgré cela, la résurrection du Christ est vraiment réelle et garantit au fidèle chrétien la certitude et au reste de l’humanité la possibilité de transcender les conséquences adverses des calamités naturelles et de la perversité spirituelle». Passage de l’homélie de la nuit de Pâques de Sa Sainteté Bartholomeos Ier, patriarche œcuménique de Constantinople, rapportée sur l’Avvenire du 26 avril dernier.
Sacre college
La mort des cardinaux Saldarini et García-Gasco
Le 18 avril, à 86 ans, est décédé le cardinal Giovanni Saldarini, archevêque de Turin de 1989 à 1999. Puis, le 1er mai est décédé à son tour le cardinal espagnol Vicente Agustín García-Gasco, 80 ans, archevêque de Valence de 1992 à 2009. Au 31 mai – après les quatre-vingts ans des cardinaux Bernard Panafieu (le 26 janvier), Ricardo J. Vidal (le 6 février), Camillo Ruini (le 19 février), William H. Keeler (le 4 mars) et Sergio Sebastiani (le 11 avril) – le Sacré Collège est composé de 198 cardinaux dont 115 électeurs.
Fernando Filoni
Filoni préfetde Propaganda Fide et Becciu substitut à la Secrétairerie d’État
Le 10 mai, l’archevêque originaire des Pouilles, Fernando Filoni, 65 ans, a été nommé préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples à la place du cardinal indien Ivan Dias qui a atteint 75 ans. Prêtre depuis 1970 dans le diocèse de Nardò, il est entré dans le service diplomatique du Vatican en 1981 et en 2001, il a été élu archevêque et nommé nonce apostolique en Jordanie et en Irak. Devenu nonce aux Philippines en 2006, il était depuis 2007 substitut pour les Affaires générales de la Secrétairerie d’État. Dans cette dernière charge a été nommé, toujours le 10 mai, l’archevêque sarde Giovanni Angelo Becciu, 63 ans, prêtre depuis 1972 dans le diocèse d’Ozieri. Entré dans le service diplomatique du Vatican en 1984, Becciu a été nommé archevêque et nonce apostolique en Angola en 2001. Il était depuis 2009 représentant pontifical à Cuba.
Shimon Peres et Giorgio Napolitano à Jérusalem, le 15 mai 2011. Le président de la République italienne a reçu le prix Dan David [© Présidence de la République italienne]
Peres, l’accord entre Hamas et Fatah et la paix entre Israéliens et Palestiniens
Pour Shimon Peres, il est possible de négocier avec le Hamas. Dans une série d’interviews accordées à la presse israélienne, le chef de l’État hébreu a commenté l’accord signé le 4 mai dernier au Caire entre les deux principaux partis palestiniens: le Hamas, qui gouverne à Gaza et est considéré par les Israéliens comme une organisation terroriste, et le Fatah, au pouvoir en Cisjordanie. «S’ils veulent s’unir, qu’ils le fassent. Quand j’ai commencé à négocier avec Arafat», a rappelé Peres, «tout le monde me disait: “Il n’y a aucun espoir”. La même chose vaut aujourd’hui pour le Hamas. Le nom ne m’intéresse pas, ce qui compte c’est le contenu. Tout peut arriver». Il vaut mieux pourtant que les négociations aient lieu loin des projecteurs: «En public, chaque partie doit prouver à son peuple qu’elle est forte et agressive, mais dans leur cœur, les leaders savent qu’il n’y a pas d’alternative à la paix. C’est pourquoi nous devons bien distinguer les apparences des potentialités cachées».
Moyen-Orient/2
La fin de l’embargo à Gaza et la politique des États-Unis
«Gaza, la bande de terre des sans terre, depuis hier n’est plus une prison. Après plus de quatre ans de fermeture, le passage de Rafah, à la frontière avec l’Égypte, a été rouvert. L’Égypte de Hosni Moubarak l’avait fermé par mesure de rétorsion contre la révolte des fondamentalistes du Hamas contre l’ANP du président laïque Mahmoud Abbas. Hier la junte militaire égyptienne, née du “printemps arabe”, a décidé de lever l’interdiction». C’est par ces mots que commence un article paru sur le Corriere della Sera du 29 mai, qui se termine ainsi: «Il est aussi clair que le signal de Gaza se conjugue avec la poussée internationale, menée par Obama, pour arriver à deux États, Israël et Palestine, qui vivent en paix et en sécurité».
Mediterranee/1
Bettiza et la guerre néocolonialiste en Libye
«Quel que soit le tour que prendront les événements, l’histoire ne pourra pas ne pas se rappeler le déplorable résultat de l’intervention néo-colonialiste en Libye, intervention enveloppée dans la phraséologie du Tigellin boy-scout de l’Élysée, Bernard-Henri Lévy, grand promoteur de “bombes humanitaires” dans tous les sens du terme. La précédente intervention franco-britannique à Suez, en 1956, avait déjà eu, contrairement aux attentes, des effets désastreux, renforçant le partisan du panarabisme Nasser, fournissant à Khrouchtchev un excellent alibi pour juguler en parallèle, par les armes, la révolution hongroise et favorisant concrètement l’installation soviétique au Moyen-Orient». C’est ce qu’écrit Enzo Bettiza dans son éditorial du 11 avril sur la Stampa.
Mediterranee/2
Todorov: la guerre en Libye, le messianisme politique et le péché originel
«Je crois que, malheureusement, la guerre possède une logique interne qui l’empêche de rester aussi circonscrite et chirurgicale que le soutiennent ceux qui la proposent. Avant le 19 mars, les troupes de Kadhafi étaient sur le point de commettre un massacre à Bengazi, nous a répété le président Sarkozy pour convaincre l’Occident à intervenir. Les premiers bombardements, ceux qui ont arrêté l’avance du régime, ont donc été légitimes. Mais ensuite, l’intervention pseudo-humanitaire s’est transformée en autre chose». C’est ce qu’écrit le philosophe Tzvetan Todorov sur le Corriere della Sera du 12 avril. Et il ajoute: «Nous sommes devant une nouvelle phase de messianisme politique. La première est, précisément, la phase napoléonienne peinte par Goya. La seconde onde messianique a été celle du communisme […]. Et nous assistons actuellement à un troisième réveil du messianisme politique: la première guerre du Golfe a été un rodage, l’intervention du Kosovo, sans mandat de l’ONU, la répétition générale, et voilà, ensuite, Afghanistan, Irak». Et à la question de savoir s’il est possible de dire un non absolu à la guerre, il répond: «Non, et je ne crois pas que ce serait une bonne chose. L’ambition d’extirper totalement le Mal serait encore plus néfaste: c’est la fonction du péché originel de nous rappeler, comme disait Romain Gary, qu’il existe une “partie inhumaine” de l’humanité. Nous devons donc chercher de limiter au maximum les guerres non inévitables. Comme celle en Libye, par exemple».
Les drapeaux de la Turquie et de l’Union européenne devant la mosquée Nur-u Osmaniye, à Istanbul
Patten, la crise de l’Union européenne et la Turquie
Une analyse lucide de la situation de l’Union européenne a paru sur la Stampa du 5 avril, dans un article de Chris Patten, ex-gouverneur britannique de Hong Kong, ex-commissaire européen pour les Affaires étrangères et recteur de l’Université d’Oxford. Thème de la réflexion, le fragilité de l’Union européenne dans le contexte politique international. Comment répondre à cette crise? se demande Patten. «Pour moi, la réponse», lit-on dans l’article, «se trouve en Turquie. Une Europe dont la Turquie serait membre aurait naturellement une économie plus dynamique. La Turquie est une référence énergétique régionale. Elle a du poids et est respectée dans sa région grâce à de formidables forces de combat. Et surtout la Turquie est aujourd’hui un modèle pour d’autres sociétés islamiques qui cherchent à compter avec la démocratie, les libertés civiles, l’État de droit, une économie ouverte, le pluralisme et la religion. En qualité de membre de l’U.E., la Turquie devrait ajouter une nouvelle dimension d’extrême importance historique. Les Européens montreraient qu’il est possible d’embrasser une démocratie islamique et de construire un pont solide entre l’Europe et l’Asie occidentale. Cela pourrait, à son tour, créer une nouvelle identité et une nouvelle image européennes, donner à l’U.E. une nouvelle raison d’exister dans ce siècle, un moyen de repousser la politique de division du siècle passé».
Vladimir Poutine
[© Associated Press/LaPresse]
Poutine cite saint François
Dans une intervention publique, le premier ministre russe Vladimir Poutine a déclaré que le moment n’était pas encore venu de présenter sa candidature pour les prochaines élections présidentielles, ni pour lui ni pour l’actuel président de la Fédération russe Dmitri Medvedev, parce que, a-t-il expliqué, «si nous donnons aujourd’hui des signaux erronés, la moitié de l’administration et plus de la moitié du gouvernement cesseront de travailler dans l’attente des changements». Or, a-t-il ajouté, «tout le monde doit, au contraire, comme faisait saint François, à la place qu’il occupe bêcher chaque jour son petit potager». Les déclarations de Poutine ont été rapportées par l’Avvenire le 14 avril.