Autonome, sous la protection du pape

par Roberto Rotondo

Pie XI durant l’inauguration de la seconde année académique de l’Académie pontificale des Sciences, en 1938 [© Osservatore Romano]

«L’existence de cette Académie pontificale des Sciences, à laquelle Galilée fut en quelque sorte associé à travers l’institution ancienne qui a précédé celle dont font partie aujourd’hui des savants éminents, est un signe visible qui montre aux peuples, sans aucune forme de discrimination ethnique ou religieuse, l’harmonie profonde qui peut exister entre les vérités de la science et les vérités de la foi». C’est en ces termes que Jean Paul II, le 10 novembre 1979, soulignait le rôle et les buts de l’Académie pontificale des Sciences, à l’occasion du centenaire de la naissance d’Einstein, demandant en cette circonstance que l’Église revoie son jugement sur Galilée.
L’Académie pontificale des Sciences, un forum de dialogue privilégié entre science et foi, est née de l’Académie des Lincei, fondée à Rome en 1603 sous le patronage de Clément VIII. Durant ces années, Galilée fut lui aussi à la tête de cette Académie. Dissoute par la suite, elle fut restaurée par le pape Pie IX en 1847 sous le nom d’Académie pontificale des nouveaux Lincei. Le Pape Pie XI la refonda en 1936 sous son nom actuel en lui conférant un statut qui sera remis à jour en 1976 par Paul VI et en 1986 par Jean Paul II. À partir de 1936, l’Académie pontificale s’est occupée aussi bien de l’approfondissement de thèmes scientifiques spécifiques à l’intérieur de disciplines particulières que de la promotion de la coopération interdisciplinaire, augmentant progressivement le nombre et le caractère international de ses membres. Juridiquement, l’Académie est un organisme indépendant à l’intérieur du Saint-Siège et jouit de la liberté de recherche. Bien qu’elle ait repris vie sur l’initiative d’un Pape et qu’elle ait été placée sous la protection directe du Souverain Pontife, elle organise ses activités d’une façon autonome, selon les finalités qui sont résumées ainsi dans son statut: «L’Académie pontificale des Sciences a pour but de promouvoir le progrès des sciences mathématiques, physiques et naturelles et l’étude des problèmes épistémologiques y afférents».
Ses membres sont élus par le corps des académiciens, choisis parmi les hommes et les femmes de toute provenance et religion sur la base de la haute valeur scientifique des activités qu’ils exercent et de leur profil moral; ils sont ensuite nommés officiellement par le pape. L’Académie est gouvernée par un président (c’est depuis douze ans le professeur Nicola Cabibbo) – nommé parmi ses membres par le pape – assisté par un conseil scientifique et par un chancelier qui, depuis 1998, est Mgr Marcelo Sánchez Sorondo. Le forum de l’Académie est constitué par quatre-vingt savants nommés à vie, parmi lesquels figurent actuellement une vingtaine de prix Nobel: une tradition pour l’Académie qui, dans le cours de ses décennies d’activité, a compté parmi ses membres une liste impressionnante de prix Nobel, lesquels, pour beaucoup, avaient été nommés académiciens avant de recevoir la prestigieuse reconnaissance internationale: de Marconi à Lemaître, de Planck à Fleming, la grande partie de ceux qui ont fait l’histoire de la science du XXe siècle est passée par ici.
Aux membres à vie de l’Académie vient s’ajouter un nombre limité d’académiciens “honoraires”, choisis parmi les personnalités méritantes, et d’autres membres “perdurante munere” en raison de leur charge: parmi ces derniers figurent le chancelier, le directeur de l’Observatoire vatican, le préfet de la Bibliothèque apostolique vaticane et le préfet des Archives secrètes du Vatican. Parmi les membres honoraires se trouvent aussi aujourd’hui des théologiens comme les cardinaux Cottier et Martini; dans le passé, Joseph Ratzinger a lui aussi fait partie de l’Académie comme membre honoraire.